David Tatin
Photographe
Prise de vue au sténopé, positif direct 5x7’’ développé dans du cafénol
Tirages d’exposition sur papier baryté 20x28 cm et 30x40 cm, procédé jet d’encre pigmentaire d’après scan des originaux
Edition de 30
Je parcours les montagnes des Alpes du Sud depuis que je suis adolescent.
A cette époque, je marchais en ayant en tête les images de pionniers comme Ansel Adams. Mais surtout, j’y relie des lectures qui ont été fondamentales dans la perception que j’ai de la nature, pour devenir ensuite un choix de vie.
Thoreau, Abbey, des défenseurs d’une nature non domestiquée, eux-mêmes un peu rustres comme celle-ci peut l’être, et sans concession. Abbey écrit notamment dans Désert solitaire : « Je ne suis pas ici seulement pour échapper un temps au tumulte, à la crasse et au chaos de la machine culturelle, mais aussi pour me confronter de manière aussi immédiate et directe que possible au noyau nu de l’existence, à l’élémentaire et au fondamental, au socle de pierre qui nous soutient. »
C’est sans aucun doute cela qui m’a amené à réaliser ces photographies.
Une envie de rusticité dans le procédé comme dans le rendu. La volonté de ne pas tout maitriser. Et le temps : le temps de monter là-haut, celui de faire l’image, puis de la développer, un peu comme si je laissais au paysage le temps de s’exprimer. Car la montagne est un des seuls paysages qui ne change pas, ou peu, à l’échelle d’une vie humaine.
Et il importe peu, dans ces images intemporelles, de savoir de quel sommet il s’agit, mais plutôt de se sentir suspendu à cet horizon.